Pour la dette, désolé, mais l'Education Nationale coûte plus chère que les autres pays pour un résultat moins bon. Je n'ai jamais parlé du salaire des fonctionnaires, c'est l'efficacité du système qui est en cause
Là encore, il y a de grosses approximations (comme je suis obligé d'en faire aussi), car pour déclarer ça, il faudrait savoir sur quels critères on se base. D'abord, que la France dépense plus pour son éducation que d'autres pays, ça ne veut pas dire grand-chose et je ne vois pas en quoi ça serait un problème. Ensuite, en quoi le système français est-il moins efficace ? Et surtout pour quelles raisons ? Il est bon de savoir qu'au début des années 80, c'était quasiment le meilleur d'Europe (le bac était très sensiblement plus élévé que l'Abitur allemand, par exemple), ce qui a considérablement changé quand on a voulu une réussite scolaire massive, fruit d'une volonté politique discutable, qui ne signifie pas, a priori, que l'argent mis dans l'éducation nationale est mal placé. D'autant que, n'exagérons rien, ce système reste un des bons systèmes européens. En plus, on va revenir à cette histoire de valeur ajoutée, si cette efficacité est évaluée en fonction de l'adéquation entre l'école et l'entreprise, ou de l'aquisition d'apprentissages de base, cela change la donne. Et comment alors faire entrer dans cette évaluation comparative des enseignements propres à la France, comme la philo, ou tout ce qui relève de la formation des individus, de leur éducation, de leur enrichissement personnel, et non seulement de l'aquisition des savoirs ? Je rappelle qu'en France, l'école vise bien autre chose que des apprentissages techniques destinés à trouver du travail...
Bref, c'est un océan, ce débat, et s'il est clair qu'il y a besoin de réformes, ce dont sont persuadés beaucoup de profs, ça ne justifie pas les économies drastiques que l'on fait depuis quelques années, non pas au nom de l'efficacité des apprentissages, mais bien d'économies, sans être à même d'évaluer la valeur ajoutée de quelque chose qui est un investissement à long terme, parce que ce qui relève de l'esprit et du savoir n'est pas évaluable. Dans mon académie, et c'est comme ça dans toutes les académies, chaque année sont supprimés entre 300 et 400 postes de profs. Or, il faut comprendre que ces postes n'étaient pas occupés par des profs parlant à des salles vides. Ce qui signifie qu'en fermant massivement des classes, on est en train de bousiller le système, car on aura sous peu, et c'est déjà le cas de beaucoup d'établissements, des classes de 35-40 élèves. N'importe quel prof te dira que c'est pédagogiquement catastrophique, l'idéal dans une classe étant aux alentours de 25 élèves (en lycée, en tout cas, car c'est ce que je connais). Ça n'est certainement pas comme ça qu'on rendra le système plus efficace. C'est même exactement le contraire. Mais il faut faire des économies pour éponger la dette ? Prétexte honteux ! Il faut surtout casser un système qui marchait bien pour pouvoir ensuite l'ouvrir à la privatisation, parce que c'est un énorme marché, comme l'énergie, comme la santé ! Je pourrais t'expliquer ça dans le détail et longuement, mais c'est difficile ici... Si tu savais toutes les pressions du privé sur l'E.N. pour pouvoir y faire du beurre. Bref, là encore, si tu n'as pas tort en disant que l'E.N. a besoin de réformes, ça n'est pas forcément pour les raisons que tu crois, et surtout, cette idée n'est en fait utilisée par nos dirigeants que comme prétexte... Et ça n'est pas à des économistes de régler le problème. Si on demande aux services publics d'être rentables, on les tue, parce que ça n'est précisément pas leur vocation. Et la rentabilité en matière d'éducation n'a pas de sens, sauf pour le marché juteux qu'on veut en tirer, au mépris de la qualité de l'enseignement...
Quant au salaire des fonctionnaires, en effet, on peut difficilement le critiquer, car il est très raisonnable, et ne cesse de baisser, parce qu'il est loin de suivre la croissance... Mais au passage, je livre une info qu'à peu près personne ne sait, tant il est agréable de taper sur les profs au lieu d'aller flinguer les gouvernants qui ont l'habileté vieille comme le monde de diviser pour mieux régner (et ça marche, putain que l'humain évolue lentement !) en opposant les catégories sociales : soit, les profs ont deux mois de vacances en été (ce qui n'est d'ailleurs pas tout à fait exact, puisque les examens empiètent sur juillet, mais je ne vais pas chipoter), mais sachez qu'ils ne sont pas payés 12 mois mais 11 !!! Il y en a parmi vous qui ne vont pas me croire, mais lorsque les statuts des profs ont été définis après guerre, en raison justement de ces deux mois de vacances, le salaire des profs a été calculé sur 11 mois, mais répartis sur 12 ! Hé oui, c'est bien caché par les medias, et la plupart des profs ne le savent même pas... En gros, nous payons de notre poche 1 mois de nos vacances...
On ne donne pas des exonérations de charges sociales comme ça sans raison. En créant mon EURL (capital de 7500 euros), j'ai payé au moins 1500 euros de charges sociales pour un chiffre d'affaire de 300 euros l'année dernière. Mais bon, je n'ai pas de salariés.
Polop ! Tu ramènes ça à ton cas, et je le comprends bien, mais ce que j'ai dit là, une fois de plus, ne vaut absolument pas pour les "petits", mais bien pour les gros qui profitent de ces avantages jusqu'à plus soif. Et renseigne-toi : il est maintenant démontré, depuis 25 ans d'expérience de diminution de charges sociales, que ça ne crée pas d'emploi, et que c'est seulement tout bénéfice pour les "gros"... Et que c'est en partie responsable de la dette... Tout le monde le sait dans le milieu, mais c'est le credo constant de nos ultralibéraux, qui mentent donc sciemment quand ils disent encore et toujours qu'il faut les baisser... Je rappelle aussi que ce qu'on appelle aujourd'hui les charges sociales, et qui est un autre bel exemple de manipulation du langage que j'ai déjà évoqué, ça s'appelait d'abord des cotisations, et que ça a sciemment été changé en "charges" pour que tout le monde ait l'impression que ces fameuses charges ne sont pas normales, pas légitimes, comme quelque chose d'injuste imposé aux entreprises. Or, que sont ces charges sociales, et que les medias ne disent jamais : l'assurance chômage, la santé et les retraites ! Donc, quand on allège les cotisations sociales, on diminue le financement de ces trois domaines vitaux pour les salariés...
Et j'aurais tant à dire encore... Sur le fait que le chômage est voulu, par exemple, et que le maintenir autour de 9 % convient très bien à notre système, pour éviter l'inflation en faisant pression sur les salaires (le fameux mais méconnu NAIRU, que tu connais peut-être si tu as fait de l'économie, et qui est appliqué dans notre pays depuis Maurois en 83, et qui fixe le taux de chômage nécessaire à 9%)...
Quant au charges sociales pour les petits, ça fait partie des dysfonctionnements du système, je te l'accorde, et on sait qu'en France, être profession libérale, artisan ou travailleur indépendant n'est pas chose facile. Ça ne veut pas dire que tout le système est pourri et à jeter, mais que des réformes ponctuelles rééquilibrant les inégalités dans ce domaine sont à faire. Mais là encore, ça ne légitime nullement les réformes qu'on fait passer en force sous ce prétexte, et dont le but n'est que l'accroissement des inégalités, au profit de toujours les mêmes...
Si, on peut favoriser le profit et l'intérêt particulier, il suffit par exemple de maximiser la rémunération du patron et les dividendes en fonction du nombre de salariés dans l'entreprise.
Je ne comprends pas bien ce que tu entends par "maximiser". Mais il me semble que tu restes dans la perspective d'un fonctionnement interne à une entreprise, et n'envisages pas des principes constitutifs d'une société comme la France ou l'Europe, ce qui ne se discute pas sur le même plan...
Et puis, quand je parle d'enrichissement, je ne parle pas du confort et du jeu normal de la société qui vise à vivre matériellement le mieux possible, et se faire une petite cagnotte etc, mais bien de ce qu'on appelle la richesse, être riche. Or ça, c'est impossible sans écraser les autres. En simplifiant à l'extrême, et en prenant l'exemple de la bourse : à supposer que tout le monde soit actionnaire (ce qui n'est pas le cas), et que la croissance soit de 2 % (ce qui est à peu près le cas), pour qu'un type fasse 15 % de bénéfices (ce qui est l'exigence des fonds de pension), faut bien qu'il y en ait 7 qui ne gagnent rien... Pareil pour s'enrichir, tu le fais forcément sur le dos des autres... On ne peut pas faire de gros profits rapides honnêtement sans, d'une certaine façon, voler quelqu'un, à de rares exceptions près.
Quand je parle de profit et d'intérêt particulier, je veux dire cette sorte de vision du monde qui ne tient pas compte du collectif, et qui n'hésite pas à bafouer le collectif pour l'avantage de quelques-uns, c'est-à-dire ce qui se passe de plus en plus dans notre société... Or le développemnt non raisonné et limité de l'individuel s'oppose forcément au collectif dont nous dépendons tous nécessairement. C'est en ce sens que favoriser le profit et l'intérêt individuel, sans limite, est incompatible avec le bien-être collectif, et avec une répartition équitable du "bonheur".
Quand à la régularisation des marchés, je trouve cela naïf. Il y a déjà des tonnes et des tonnes de lois pour réguler cela (la CMU, les lois antitrust, etc.). Et il y en a de nouvelles qui sortent chaque jour dans le Journal Officiel. Le système n'est pas bloqué du tout, il évolue lentement, c'est tout.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que la régulation des marchés n'est pas un idée naïve, car c'est tout de même ce qui a été pratiqué pendant 60 ans, et encore aujourd'hui, tant que le Medef n'a pas réussi à imposer sa loi, et que la commission européenne n'a pas encore tout libéralisé... Je te signale que c'est la seule façon de résister à un libéralisme sauvage...
Je n'ai pas dit qu'il fallait de nouvelles lois, mais surtout ne pas faire sauter celles qui sont en vigueur, et qui sont nécessaires si on veut éviter l'exploitation de l'homme par l'homme...
mais même dans un système communiste, les chefs de projet sont mieux payés que les ouvriers...
La question n'est pas là : il est normal que plus de responsabilité soit plus rémunéré, que plus de difficulté dans le travail le soit aussi etc... Mais il est absolument délirant et négateur, radicalement, de la démocratie, que les écarts de revenus ne soient pas plafonnés...
Finalement, j'ai des propos assez centristes. Devinez pour qui je vais voter ?!
Pour ce qui est de Bayrou, je trouve amusant que son discours, depuis un ou deux ans, soit le plus à gauche ! C'est en effet lui qui monte au créneau pour défendre des valeurs humaines, contre Sarkozy ou Villepin, qui sont traditionnellement la chasse gardée de la gauche, pendant que celle-ci ne réagit même pas... Il y aurait comme un problème dans la politique française...
Une remarque seulement : si la théorie marxiste n'est pas mauvaise, n'est-il pas possible de la tester à l'intérieur d'une entreprise française détenue par des actionnaires communistes ?
Sans parler d'entreprise communiste, il existe des entreprises autogérées, comme Charlie Hebdo par exemple, et ça a l'air de bien marcher, mais elles sont rares et en décallage avec le système...
Je suis pour l'expérimentation et non pour l'idéologie quelle qu'elle soit.
Je crois que, même si je comprends ce que tu veux dire, car en effet, les idéologies, parce qu'elles sont dogmatiques, sont dangereuses, tu as tout de même tort, car un projet politique, c'est une idéologie, et que le capitalisme sauvage et cynique a pu se déployer grâce en partie au manque d'idéologie, d'idéal politique... Disons que si on ne théorise pas le type de société qu'on souhaite, on se fait vite avoir... D'ailleurs le libéralisme est d'abord une idéologie qui trouve sa source dans la philosophie avec Locke puis Kant et pas mal d'autres, avant d'être devenue une idéologie économique et politique... Car il ne faut jamais oublier que l'économie c'est d'abord de la politique, et qu'une théorie économique n'est pas une loi scientifique mais seulement la traduction en économie d'une vision de la société.
Bon, j'ai réussi à rendre mon post imbuvable, j'en suis désolé, et je n'ai pourtant pas dit grand-chose, mais c'st pas simple, tout ça.
Tu auras sans doute remarqué que tout ce que je t'ai dit là ne peut guère provenir de la télé...
Désolé tout le monde : je suis un monstre...