Ouais, je suis en train de redécouvrir Rubycon, disque de 75, la pleine période du planant allemand, un disque phare très représentatif de ce que les ados boutonneux (ou pas) mais vraiment curieux de la création musicale (c'est-à-dire très peu en définitive, les autres écoutant la merde de l'époque) écoutaient dans leur piaule, dans le noir, à fond, la tronche bien dans la stéréo pour déguster les effets spaciaux aujourd'hui banals, et qui nous émerveillaient à l'époque, avec une certaine inquiétude des parents se demandant si cette musique névrotique d'introverti n'allait pas handicaper leur rejeton ou le précipiter dans la drogue...
Bref, j'atteste : ça reste un des tout meilleurs disques du groupe et de la mouvance. Ça marche toujours, à condition de savoir se laisser entraîner dans cette musique qui ne vient vous chercher que si vous voulez bien faire l'effort de la suivre. Deux plages de 17 minutes (on faisait long comme morceaux, le temps d'un voyage, et court pour la durée totale du disque), et le trip était pas mal cauchemardesque (les voix du mellotron, c'est pas spécialement chaud et rassurant), mais les plus misanthropes adoraient se mettre dans ces univers hors de la réalité...
L'instrument roi de ces plages est le Moog Modular, ici appelé le double Moog, dont les séquences rondes, denses, épaisses et hypnotisantes, qui sont ce que j'ai toujours personnellement préféré dans ce que peut produire un synthétiseur, parcourent et dessinent l'itinéraire. Pour les amateurs de vintage, il y a aussi, outre le mellotron et le Moog, le synthi A d'EMS, le VCS3, l'ARP 2600 (mais je ne sais pas où exactement), auxquels s'ajoutent un piano électrique, un Elka, un piano préparé, un orgue non identifié sur la pochette, et des trucs divers comme des guitares.
Pour ceux que ça intéresse, Tangerine Dream fut un groupe irrégulier, qui a pas mal changé de personnel, et tout le monde s'accorde à dire que la mouture la meilleure est celle regroupant Baumann, Froese et Franke, qu'on entend justement sur ce disque et sur Ricochet, l'autre meilleur album de Tangerine...
Ceux qui ne connaissent pas et veulent se faire une idée d'un moment important de l'histoire de la musique électronique peuvent commencer par là.
Quand on écoute ça maintenant, avec les avantages de la MAO, on se dit que c'était assez facile comme musique, et c'est sans doute vrai, sur le plan de la technique musicale, mais on oublie ce que ça devait être que de programmer ces machines capricieuses, que ces musiciens découvraient les premiers, et dont les possibilités étaient mal connues... Pas de presets, pas de midi, tout à la mano, noter les patchs, essayer de les faire sonner comme quand on les a trouvés la première fois, et puis on ne sait pas au départ comment ça va sonner, sans compter le bordel pour s'y retrouver...
Aujourd'hui, après 20 ans de courants musicaux dansants ou ayant développé une vistuosité et une rapidité incroyables dans les rythmes (merci l'électronique et les BAR), ça peut paraître carrément mou et monotone, pas assez marqué, avec des nuances pas assez facilement repérables, bref, pas du tout easy listening, peu entraînant. Mais si vous faites l'effort d'entrer dedans, et de vous laisser embarquer, et ben ça peut vous balader dans un univers qui n'a pas vraiment vieilli, pour peu qu'on sache se défaire des (mauvais) réflexes de mode...
En tout cas, c'est avec grand plaisir que je me replonge dans cet univers, et je crois qu'on n'a vraiment pas exploré tout ce que peuvent faire ces machines...
Bref, j'atteste : ça reste un des tout meilleurs disques du groupe et de la mouvance. Ça marche toujours, à condition de savoir se laisser entraîner dans cette musique qui ne vient vous chercher que si vous voulez bien faire l'effort de la suivre. Deux plages de 17 minutes (on faisait long comme morceaux, le temps d'un voyage, et court pour la durée totale du disque), et le trip était pas mal cauchemardesque (les voix du mellotron, c'est pas spécialement chaud et rassurant), mais les plus misanthropes adoraient se mettre dans ces univers hors de la réalité...
L'instrument roi de ces plages est le Moog Modular, ici appelé le double Moog, dont les séquences rondes, denses, épaisses et hypnotisantes, qui sont ce que j'ai toujours personnellement préféré dans ce que peut produire un synthétiseur, parcourent et dessinent l'itinéraire. Pour les amateurs de vintage, il y a aussi, outre le mellotron et le Moog, le synthi A d'EMS, le VCS3, l'ARP 2600 (mais je ne sais pas où exactement), auxquels s'ajoutent un piano électrique, un Elka, un piano préparé, un orgue non identifié sur la pochette, et des trucs divers comme des guitares.
Pour ceux que ça intéresse, Tangerine Dream fut un groupe irrégulier, qui a pas mal changé de personnel, et tout le monde s'accorde à dire que la mouture la meilleure est celle regroupant Baumann, Froese et Franke, qu'on entend justement sur ce disque et sur Ricochet, l'autre meilleur album de Tangerine...
Ceux qui ne connaissent pas et veulent se faire une idée d'un moment important de l'histoire de la musique électronique peuvent commencer par là.
Quand on écoute ça maintenant, avec les avantages de la MAO, on se dit que c'était assez facile comme musique, et c'est sans doute vrai, sur le plan de la technique musicale, mais on oublie ce que ça devait être que de programmer ces machines capricieuses, que ces musiciens découvraient les premiers, et dont les possibilités étaient mal connues... Pas de presets, pas de midi, tout à la mano, noter les patchs, essayer de les faire sonner comme quand on les a trouvés la première fois, et puis on ne sait pas au départ comment ça va sonner, sans compter le bordel pour s'y retrouver...
Aujourd'hui, après 20 ans de courants musicaux dansants ou ayant développé une vistuosité et une rapidité incroyables dans les rythmes (merci l'électronique et les BAR), ça peut paraître carrément mou et monotone, pas assez marqué, avec des nuances pas assez facilement repérables, bref, pas du tout easy listening, peu entraînant. Mais si vous faites l'effort d'entrer dedans, et de vous laisser embarquer, et ben ça peut vous balader dans un univers qui n'a pas vraiment vieilli, pour peu qu'on sache se défaire des (mauvais) réflexes de mode...
En tout cas, c'est avec grand plaisir que je me replonge dans cet univers, et je crois qu'on n'a vraiment pas exploré tout ce que peuvent faire ces machines...
Dernière édition par le Jeu 9 Nov 2006 - 2:04, édité 2 fois