C'était en quelle année ? (Je suis d'origine Compiegnoise, et j'ai quitté cette ville en 87 ...)
Zeetoon, le Jazz Pop Action c'était entre 1973 et 1974 et c'était complètement utopique. Je me souviens qu'on faisait une feuille de chou où j'avais dénoncé dans un édito le coup d'Etat de Pinochet. Ce que m'avait reproché le maire de l'époque, Jean Legendre, par un "alors c'est vous qui faîtes de la politique" alors que l'on occupait la MJC pour avoir un local décent, pour accueillir nos expériences musicales.
En fait, tout partait d'un appartement, celui de l'animateur culturel de l'UTC (Université de technologie de Compiègne), Jean-Pierre Silh. Pour financer nos concerts comme Magma ou Hathfield and the North - on était gonflé car on n'avait pas un centime en caisse - on passait d'une part par le Rezo Zero qui était un réseau alternatif. Il regroupait entre autres bon nombre de Jazz Action répartis dans toute la France.
C'est Annecy qui avait lancé le mouvement par l'intermédiaire de Michel Carvallo. Il se trouve qu'au début des années 70, plusieurs groupes de jazz se sont retrouvés à Annecy, notamment dans des chalets en montagne. Et tout un travail a été fait pour promouvoir cette musique, ces expériences musicales assez free. C'est comme ça que j'ai rencontré Michel Carvallo au festival de jazz de Chateauvallon en1972, avec les musiciens du Dharma Quintet, dont le guitariste Gérard Marais. Et dès lors, jeune homme alors, trouvant que les Maisons de la Culture étaient trop institutionnelles, je suis venu à Compiègne où je suis resté deux ans et demi avant de reprendre mon parcours dans les institutions culturelles.
car c'est assez fascinant pour tout ceux qui, comme moi, connaissent ces époques, ces gens, ces musiques, mais qu'à travers les différents media habituels (livres, disques, presse, documents filmés, et légendes circulant entre les boutons de l'adolescence, et nourrissant notre culture)
Burnie, de ce que je garde de cette époque, c'est le foisonnement culturel en France mais aussi en Angleterre, aux Etats Unis, de cette contre culture, de cet underground, pour lesquels nous nous sommes battus (Musique, cinéma, poésie, Art, littérature avec Kerouac, Gisberg, Ferlinghetti, Buroughs), c'est aussi le côté collectif, avec ce sentiment que tout était possible. Il ne faut pas oublier aussi le rôle de journaux, de revues. Rock & Folk pour le rock mais aussi la Free Presse comme Actuel première formule (2e exactement, la 1e étant plutôt axé free jazzz), d'OZ, The Other, it (International Times), Other Scenes, Le Parapluie, Tout...
En fait, tout était expérimental y compris nos vies quelque part. Ce qui me rassure, c'est que pour certains, aujourd'hui, c'est encore le cas, avec les moyens d'aujourd'hui. A la seule différence, notoire, c'est qu'on pouvait quitter un travail durant plusieurs mois, le temps d'expérimenter, et retrouver du boulot ensuite. Ce qui ne me semble guère possible aujourd'hui.