Benjik Mar 16 Mai 2006 - 23:02
Je suis tout à fait d'accord, je pensais simplement à l'ingénieur doué, ce qu'il est censé être : techniquement pro, mais en se concentrant uniquement sur la mise en valeur artistique du son, voire plus encore, en participant à la valeur artistique de la musique. Je trouve cela bizarre de penser qu'il ne s'agit que d'un technicien. Par exemple, c'est lui qui participe au son percutant ou non de la batterie, à l'articulation coulante ou non des notes de piano selon la réverbe de la pièce, à la mise en valeur des fréquences les plus émotionnelles d'une voix, au travail sur un son de synthétiseur, à l'ambiance générale qui ne dépend pas seulement de la mélodie, mais de la texture musicale, des effets ou tout simplement du volume des instruments.
Je trouve que le compositeur est un peu ingénieur du son quand il choisit l'instrument, les paramètres d'un son de synthé, ou encore tel piano plutôt qu'un autre, qui mettront en valeur une mélodie, ou quand il demande au chanteur de chanter de telle façon pour se fondre dans l'orchestration. Sur Köln Concert, Keith Jarrett a adapté sa façon de jouer parce qu'il n'aimait pas le son trop métallique du piano, et finalement c'est l'album jazz le plus vendu au monde je crois. Il y a eu une symbiose entre le son et la mélodie.
"le plus important reste quand même l'élan artistique qui anime le compositeur" : il peut avoir l'idée d'une mélodie à partir de ce que lui inspire le son d'un synthétiseur. Dans ce cas, je place le son avant la composition... Personnellement, je préfère maintenant composer à partir du son final que j'obtiens, par exemple une ligne de basse travaillée sous Cubase qui m'inspire le reste, plutôt que de composer les harmonies puis de les enregistrer ensuite avec le soi-disant bon son. Dans ce dernier cas, il est quasiment impossible d'obtenir exactement ce que l'on s'est imaginé.
Quand je vois la différence entre la version Beatles et la version Joe Cocker de "With a little help from my friends", je me dis que le son y est quand même pour beaucoup. Mon album de référence pour la qualité du son, je ne sais pas vous, c'est la musique du film Subway : de superbes basses pas trop lourdes, une brillance extrêmement fine, une profondeur incroyablement bien équilibrée : ni trop pâté, ni trop sec. Je me demande si Eric Serra ou son ingénieur du son a utilisé une réverbe Lexicon. J'aimerais savoir où l'on peut trouver ce genre d'infos. Quant à "La Fossette", ont-ils fait un mauvais travail d'ingénieur du son ? C'est la valeur artistique du travail d'ingénieur qui compte, pas forcément son matériel. Ou alors on ne parle pas du même métier, je devrais plutôt parler de "directeur artistique du son".
Pour conclure, tous les intervenants sont importants évidemment, je prônerais plutôt la "méthode itérative" utilisée dans d'autres domaines : passer du travail sur le son à la composition et inversement, par va-et-vient récurrents, en parallèle au travail sur la voix, jusqu'à obtenir un petit chef d'oeuvre.
PS : je n'y avais pas pensé, mais c'est vrai que c'est beaucoup plus long de se rendre compte de la qualité d'un effet, et c'est encore plus subjectif. Je vais tester en profondeur toutes les réverbes à convolution (payantes ou non) que je trouve. Pour le reste, je me fie un peu à AudioFanzine.