Engin téléchargé, donc pas avec la belle boîboîte ni le beau manuel exemplaire... Première remarque pour tous les derniers produits Arturia : ce putain de dongle qui fait que, le jour où, pour une raison ou une autre, Arturia disparaît (ce que je suis le dernier à souhaiter, vu le goût immodéré que j'ai pour leurs synthés), ben si t'as besoin d'une activation, tu peux pleurer définitivement ton synthé perdu ! Je déteste ce système lourd, tributaire d'un objet fragile, et qui ligote l'acheteur. Au moins, les Mini, Modular, ARP2600 et CS-80, quoi qu'il arrive, tant qu'il y aura le CD d'install (faites-en une image ISO de sauvegarde copiée dans plusieurs endroits) et le support du 32 bits sur une machine, ces synthés pourront être joués...
Bref, c'était l'énervement classique à propos de ces foutus bidules anti-vol qui n'emmerdent que les gens honnêtes...
Quant au Jupiter 8 v, et bien c'est une assez bonne surprise, et même une bonne surprise tout court. L'objet est visuellement chouette, comme d'habitude, mais les commandes ne sont pas aussi lisibles qu'elles pourraient, l'ensemble manquant de clarté, et le côté photographique est plutôt moins efficace et moins précis que les interfaces dessinées des Moog par exemple...
Arturia fait la pub du produit sur le module Galaxy qui, s'il est sympathique, ne transforme pas radicalement les possibilités assez classiques du modèle. C'est aguichant sur le papier, et nettement moins à l'usage, en tout cas pour ce que j'en ai tiré jusqu'ici.
Par contre, le paramètre qui tue, et qui fait l'un des gros intérêts de ce synthé, c'est une caractéristique de l'original, le mode dual, qui permet d'empiler deux presets. Ça permet notamment de faire des pads riches, par exemple en prenant un son de cordes planant, et en lui adjoignant un preset plus fx qui part en bulles ou d'une texture métallique etc. On a alors des possibilités de sons vraiment beaux. Bien sûr, avec un synthé multitimbral, on peut faire ça dans un séquenceur, ou dasn EnergyXT, même quand il n'y a pas ce dispositif, mais pouvoir le faire si facilement est un plaisir, et ça ouvre une palette de combinaisons décuplant l'intérêt du synthé. A noter aussi qu'on peut splitter le clavier et donc jouer une nappe à gauche et faire le lead à droite.
Maintenant, côté son, c'est un synthé "bread and butter" comme disent les anglophones, pouvant faire une grande partie de ce qu'on peut attendre d'un synthé polyvalent, et la palette est plus large que je ne m'y attendais, pour un synthé somme toute assez simple, qui n'a pas une quantité énorme de boutons ni de possibilités de routage hors du commun... Et je m'attendais moi aussi à des sons 80's typiques, clinquants, boîte de nuit etc... Les presets fournis corrigent très vite cette idée fausse, et ce synthé a une personnalité assez marquée, mais plus par la finesse que par l'esbroufe, notamment par un aigu que je trouve très beau et qui peut être très fin, bien plus subtil (notamment avec un léger detune) qu'un Polysix bien plus typé 80's et dance, justement... Bref, il est assez raffiné, pas tape-à-l'œil, et il n'a pas les vulgarités du Polysix et des Korg de l'époque. Par contre, je tique sur le grave, assez dur dans pas mal des presets fournis, pas toujours bien timbré ni défini, qui me pousse à ouvrir le cutoff trop souvent pour l'alléger et lui redonner un peu de texture.
Alors bien sûr, ça ne révolutionne pas un parc de vst, et on peut se demander quelle urgence il y a avait à émuler celui-là plutôt que plein d'autres machines fameuses, sinon un pari commercial visant les amateurs des 80's, mais je ne vais sûrement pas le bouder, car il sonne vraiment très bien, et produit des timbres fins, assez clairs, que je n'arrive pas encore à produire avec le Prophet v. Je dirais même que, pour le moment, étant donné les presets fournis, j'ai eu plus de plaisir sonore avec lui qu'avec le Prophet... Disons qu'il est plus rapidement consommable.
Ceux qui ne connaissent que les 20 presets de la démo seront agréablement surpris.
Par contre, quand je pense à l'usage pervers que Deb76 fait des synthés, en les traitant comme des bonzaïs, je ne suis pas sûr que le Jupiter révèle sous la torture des capacités sonores susceptibles de l'intéresser... Il reste classique, pour ce que j'en ai vu...
Cela dit, je l'ai survolé un peu vite... Vais voir ça à l'usage...